Le Masque d'Aldaketa



L'histoire du masque d'Aldaketa, tissée dans le fil de l'ancien et du mystérieux, s'enrichit à travers les âges, portant avec elle des échos de sagesse et des murmures d'avertissement. Jadis, ce masque était l'apanage d'un sorcier d'une ère révolue, un maître des arts occultes qui avait plongé dans les abîmes de la connaissance interdite, cherchant à déchiffrer l'énigme de la transformation ultime. Ce sorcier, dont le nom s'est dissipé comme la brume sous le soleil levant, était animé par une quête insatiable de pouvoir, un désir ardent de transcender les limites de la forme humaine pour embrasser l'infinité des existences.


Armé de ce masque, façonné de ses propres mains et imprégné d'une parcelle de son essence, il pouvait arpenter les sentiers interdits de la métamorphose, flirter avec les visages de l'impossible, et endosser l'identité de toute créature, réelle ou imaginaire. Mais cette quête de l'ultime pouvoir se muait lentement en une malédiction. Aveuglé par la lumière éblouissante de ses ambitions, le sorcier perdit de vue la rive sécurisante de son moi véritable, s'immergeant toujours plus profondément dans les eaux troubles de l'illusion et de la démesure.


Le masque, relique de cette ambition dévorante, devint le témoin silencieux de sa chute dans la folie. Le sorcier, autrefois vénéré pour sa sagesse, se transforma en un spectre sans nom, errant sans but dans le dédale de ses propres illusions, un labyrinthe d'où la sortie s'était volatilisée avec les derniers vestiges de sa raison.


Ce fut dans l'enceinte sacrée d'un temple en ruine, englouti par l'oubli au sein d'une forêt que le temps avait épargnée, que le destin me mena vers ce masque. Attiré par les légendes d'anciens pouvoirs et la promesse d'artefacts oubliés, je le découvris, posé avec une intention mystérieuse sur un autel de pierre, baigné dans une lumière qui semblait défier la logique de son environnement ombragé.


Dès l'instant où mes doigts effleurèrent sa surface sculptée, une connexion intangible se forma, un fil invisible tissant entre moi et l'objet une relation de gardien à protégé. Ce masque, bien plus qu'un simple artefact, portait en lui une leçon vitale : la quête sans fin de l'identité ultime, de la transformation sans limites, peut mener à une perte irréversible de soi.


Je choisis de préserver le masque, non pour m'en parer, mais pour le protéger, et par extension, protéger les autres de la tentation qu'il incarnait. Caché dans un sanctuaire que seul moi connais, il demeure un gardien silencieux des dangers inhérents à l'ambition sans borne et à l'oubli de notre essence